EST-CE TROP DEMANDER A LA VIE ?
L'oeil du soleil. Photo ©Poète 21
Est-ce donc vraiment trop demander ?
Est-ce donc vraiment trop exiger ?
Que de vouloir vivre sa vie ,
Assouvir ses plus légitimes envies ...
Est-ce donc vraiment exagérer ,
Profiter outrageusement ou abuser
Que d’espérer une fois de plus l’embellie ?
Se permettre un nouveau brin de folie ?
Est-ce donc vraiment trop d’exigence
Que de refuser en Amour , l’indigence ?
Est-ce donc vraiment Contre nature ,
Malgré tout ce que l’on endure ,
Que d’avoir le cœur trop sensible ,
Combattre le malheur dont on est la cible ?
Est-ce que c’est bien trop vouloir
Que d’entretenir un insigne espoir
Quand tout nous devient trop dur
Et que la malchance, insidieuse , perdure ?
Est-ce vraiment beaucoup trop demander ?
Est-ce vraiment beaucoup trop exiger ?
Que d’atteindre ce bonheur inaccessible
Tout en refusant d’admettre l’inadmissible ?
Est-ce donc faire preuve de déraison
Que d’aimer beaucoup plus que de raison ?
Que de vouloir vivre pleinement sa nature ?
D’avoir deux Amour , est-ce donc Contre nature ?
L’Amour de Nicole , mon épouse posthume
Et celui de celle pour qui je me consume ?...
Est-ce donc pour vous un affreux dilemme ?
Entre l’Amour passé et celle que j’aime...
Entre celle que j’aimais de toute mon âme
Et celle pour qui , maintenant , je m’enflamme ?
Est-ce donc pour vous vraiment si immoral
Que d’être et de rester un grand sentimental ?
L’Amour , pour vous , doit être si banal
Au point que l’on me prenne pour un anormal ?
Y aurait-il conflit ou incompatibilité
Entre l’Amour passé et le présent réhabilité ?
Pourquoi n’associerait-on pas le rouge et le noir
Puisque c’est mon unique raison de reprendre l’espoir ?
La douleur du départ doit-elle estomper
Toutes raisons de vivre et d’espérer ?
Une fois de plus, ne serait-ce point folie
Que de refuser ce bonheur qui me sourit ?
Au nom de quelle imbécile moralité
Devrais-je refuser tout Amour , toute amitié ?
Vivre prostré dans une affreuse solitude ,
Pour satisfaire au conformisme , aux habitudes ?
Seriez-vous aveugles pour ne voir que ce qui vous dérange
Et du coup , refuser ce qui , les autres , arrange ?
Comment oseriez-vous encore me critiquer ,
Pendant que vous-même , dans la luxure , vous forniquez ?
Est-ce que cela vous rendrait-il hypocondriaques,
Vous les forts en gueule , les fats et les énarques ?
N’y aurait-il , en Amour , aucune égalité ,
N’y aurait-il aucune justice , aucune équité ? ...
Au nom de quels absurdes préjugés
Se permettrait-on de toujours me juger ?
Au nom de je ne sais quelle satanée loi
Mon comportement serait-il jugé de mauvais aloi ?
Y aurait-il un monopole de la pensée ,
Une appropriation de la morale et des libertés ?
Ne serait-ce pas plutôt de votre part , jalousie
Que de voir d’autres êtres heureux , donner envie ?...
Seriez-vous complètement dépourvus de sentiments ,
De réflexe d’altruisme , de pitié ou de reniement ?
Pourquoi pour aimer dois-je encourir votre animosité ?
Pourquoi tant de haine , de mépris , de méchanceté ?
Pourquoi , je vous le demande , pourquoi , pourquoi
Tant de regards moqueurs , tant de gens narquois ?
Seriez-vous donc atteints de subite amnésie
Pour métamorphoser l’Amour vrai en hérésie ?
N’avez-vous donc jamais aimé dans votre vie ,
Ni connu ce bienfait du cœur qui me ravit ?
Ne serai-je , par hasard , point assez méritant
Pour que me soit ouverte la porte à deux battants ,
La grande porte de cet inaccessible bonheur ,
De cette béate sérénité qui met le baume au cœur ?
Me sera-t-il permis un jour que j’aime
Sans que pour cela l’on me jette l’anathème ?
Au nom de quels infâmes et odieux critères
Devrais-je rester le plus malheureux de la terre ?
Au nom de quelles abjectes et absurdes idées
Serai-je privé de la suprême félicité ?
Faudrait-il que je me fasse ermite ou éminence
Et vivre dans la plus parfaite abstinence ?
Faudrait-il que j’en oublie l’exigence fondamentale ,
La quintessence de la vie , le bien-être mental ,
Ce pourquoi j’existe et comment je suis né
Ce qui m’a mis au monde , moi René ?
Faudrait-il que j’accepte le confinement ,
Que je sacrifie ma vie , que j’accepte le reniement ,
Que je renonce à tout ce qui fut ma nature
Pour satisfaire la moralité qui vous dénature ?
Le bonheur ne serait-il qu’à quelques-uns réservé ,
Y aurait-il en ce domaine une classe de privilégiés ?
Le bonheur ne serait-il qu’à quelques-uns l’apanage
Pour lesquels celui des autres deviendrait un outrage ?
Le soleil ne brillerait-il pas pour tout le monde ?
Ne brillerait-il que pour certains ? C’est immonde !...
Votre jugement frise trop souvent la forfaiture
Et votre discours désuet est sans envergure ...
Oui je l’affirme et je le proclame sans forfanterie ,
Il est le reflet de votre infâme fourberie ;
Souvent au comble de la bêtise et de la perfidie ,
Il n’a d’égal , en outre , que votre hypocrisie !...
Se pourrait-il que je vous fasse admettre un jour
Que rien sur Terre n’est plus beau que l’Amour ,
Que rien n’est plus fort que les sentiments
Qui font passer de merveilleux moments ?
La réponse est sûrement dans votre subconscient ;
Le malheur est que vous n’en serez jamais conscients ...
Tant pis pour ceux que cela dérange , qui me jugent ;
Contre leurs idées reçues , leur hypocrisie , je m’insurge ...
J’en ai assez de toute cette ordure , cette injustice
De ce monde pervers de crapules et d’immondices ...
Sans ambiguïté , sans fausse pudeur , je le proclame :
J’aime maintenant et pour toujours deux femmes ,
Pour elles je me consume , je suis tout feu tout flamme ,
Feu Nicole et ma nouvelle compagne, de toute mon âme ...
Parce que je suis pour les ardents et les passionnés ;
Parce qu’ils sont la fleur de la vie , le sel de la terre ...
Je sais maintenant que mes sentiments ne sont pas surannés
Et je lutterai sans cesse pour que rien ne les altère ...
©René Poète.1996 , Semur en Auxois
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