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14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 10:30
 
MARIE CURIE
 

Principales découvertes :

Découverte du radium

Prix Nobel de physique en 1903

Prix Nobel de chimie en 1911

 

 

Sa Biographie

La future Marie Curie naît Maria Sklodowska le 7 novembre 1867 dans un vieux quartier de Varsovie. Son père est professeur de mathématiques et de physique et sa mère est institutrice. La découverte de la philosophie d’Auguste Comte, le fondateur du positivisme et de la sociologie, renforcera sa passion pour la physique et les mathématiques. Sa famille étant devenu désargentée, et l’accès aux études scientifiques étant peu commun pour une femme à cette époque, sa décision de poursuivre une carrière scientifique va la confronter à de multiples difficultés. Marie quitte la Pologne pour la France en 1891 où elle étudiera les mathématiques en suivant les cours de deux mathématiciens de renom, Paul Painlevé et Paul Appell, ainsi que des physiciens Léon Brillouin et Gabriel Lippmann. Ce dernier, très impressionné par les qualités de Marie, obtient pour elle la commande d’une étude sur l’aimantation de différents types d’acier. Mais la chercheuse, qui a aussi obtenu une licence de mathématique, manque de connaissances sur le magnétisme de la matière et cela va la conduire à se renseigner au près d’une des plus grands spécialistes de l’époque : Pierre Curie.

Elle hésitera à accepter la demande en mariage de Pierre Curie, pensant un temps avoir un poste à l’Université en Pologne où elle était retournée. Elle reviendra sur sa décision et le couple se mariera le 26 juillet 1895, à Sceaux. De cette union naîtra en 1897 Irène Curie qui, tout comme sa mère, décrochera un prix Nobel de chimie.La même année, elle entreprend des recherches sur un nouveau phénomène que venait de mettre en évidence Henri Becquerel, ayant choisi ce sujet pour sa thèse de doctorat. Ce nouveau phénomène sera baptisé par Marie du nom de radioactivité.Rejoint en 1998 par Pierre Curie qui abandonne ses recherches sur la piézo-électricité, ils annonceront la même année qu’ils ont réussi à extraire des tonnes de ce minerai deux nouveaux éléments radioactifs, le radium et le polonium. Cette découverte leur vaudra l’attribution du prix Nobel de 1903 avec Becquerel. Pierre Curie meurt d’un accident de rue en 1906. Marie Curie remplacera Pierre à son poste de professeur à la Sorbonne, une grande première pour l’époque. En 1909, elle est nommée professeur titulaire dans sa chaire de physique générale, puis de physique générale et radioactivité.

En 1911 elle décrochera le prix Nobel de chimie et sera la seule femme présente au mythique congrès Solvay de cette même année. Là bas, elle discutera avec Ernst Rutherford et une jeune étoile montante de la physique théorique, Albert Einstein, avec qui elle restera liée. Pendant la première guerre mondiale, Marie Curie va beaucoup s’impliquer pour que la nouvelle technique de la radiographie soit disponible sur le front, afin d’aider les chirurgiens à localiser puis extraire les fragments métalliques dans le corps des blessés. Sa fille Irène, âgée seulement de 18 ans, l’assistera.

Après la guerre, son exemple constituera une aide précieuse dans les différentes luttes pour la cause des femmes, en particulier bien sûr dans le domaine des sciences. Elle deviendra une figure médiatique aux États-Unis, où elle fera campagne pour récolter des fonds pour la recherche scientifique avec du radium. Malheureusement, les longues heures d’expositions à des substances radioactives avant qu’on n’en connaisse vraiment la dangerosité vont conduire à détériorer sa santé. Elle développe une leucémie.

Elle se rend au sanatorium de Sancellemoz en Haute-Savoie en 1934 où elle décède le 4 juillet.

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9 novembre 2011 3 09 /11 /novembre /2011 00:05
Yves Montand : Biographie

Yves Montand

Durant toute sa vie, il a promené son regard charmeur et son talent inégalable. Fait de symboles et de contradictions, il fut le chantre du music-hall à l’ancienne, digne héritier d’un Chevalier, d’une Piaf ou d’un Trenet.

Dans son bagage artistique, des dizaines de films si bien qu’on ne savait plus si le chanteur jouait la comédie ou si le comédien poussait « la chansonnette ».

Parti de rien, arrivé au sommet, il n’oubliera jamais ceux d’en bas, cultivant intelligemment conscience culturelle et conscience politique et sociale. Yves Montand fut finalement, avant tout le monde, un homme du 21e siècle.

A Marseille

On dit que tout vient de l’enfance. Celle d’Ivo Livi forgea ses convictions politiques. Né dans l’Italie fascisante des années 20, le petit Ivo est éduqué dans le culte du communisme par un père ouvrier et militant.

Exilés en France en 1923, les Livi atterrissent à Marseille où les « ritals » ne sont pas forcément les bienvenus. Une enfance difficile commence alors. Il y a son statut d’immigré bien sûr, mais il y a aussi la misère et la peur.

Pour survivre, Ivo travaille dès onze ans, tout d’abord à l’usine, puis avec sa soeur, coiffeuse, qui l’incite à passer son CAP coiffure avec succès. Mais ce n’est qu’un métier alimentaire. Le rêve d’Ivo, c’est la scène, que représentent les grands artistes américains et les comédies musicales. Un art qui unit avec brio danse et chant.

A dix-sept ans, il rentre à l’Alcazar, célèbre cabaret marseillais, pour « chauffer la salle ». De la salle à la scène, il n’y a qu’un pas, que le jeune Ivo, devenu pour la cause Yves Montand, ne tarde pas à franchir en juin 1939.

Rencontre avec Edith Piaf

Mais la guerre arrive, qui fait se retrancher nombreux artistes dans les usines et les arrières-salles. Yves n’en attend pas la fin pour reprendre le chemin du succès. Après une série de concerts réussis en 1941, il fuit la Provence pour Paris en 1944 et fait la connaissance d’Édith Piaf.

Déjà célèbre et adulée, cette croqueuse d’hommes prend Montand sous son aile et fait de lui un véritable artiste. Initié aux ficelles du métier par la Môme, le jeune Marseillais se cultive et apprend à se vendre sur scène, de l’ABC aux Folies Bergères.

Les femmes succombent vite à son charme méditerranéen. Des femmes justement, Montand en rencontrent beaucoup. « Libéré » après une rupture avec Édith Piaf en 1949, il est séduit par une jeune comédienne, fraîchement divorcée du réalisateur Marc Allégret, Simone Signoret. Elle devient deux ans plus tard son épouse.

Leur union durera jusqu’à la mort de Simone en 1985. Ensemble, ils côtoient le tout-Paris, réunissant autour d’eux les artistes évidemment, mais aussi les écrivains et les penseurs de l’après-guerre (Sartre, De Beauvoir, Jorge Semprun).

Dès lors, la vie de Montand devient extrêmement riche. Dosant avec justesse ses apparitions cinématographiques et musicales, il parvient à s’immiscer pleinement dans la vie culturelle française. Politiquement engagé, il profite aussi de son succès pour faire passer des messages de paix et de lutte sociale.

Du Cinéma à la chanson

Sa présence auprès des grands intellectuels des années 50 le rend très crédible et influent. Côté cinéma, il exerce son talent de comédien sous les ordres de Carné, Costa-Gavras, Clouzot, Sautet, ou Dassin, tournant plusieurs dizaines de films dont la plupart à forte connotation sociale ou politique (Z, La loi, L’aveu).

Côté scène, sa collaboration avec des auteurs-compositeurs de grande envergure (Kosma, Prévert, Barouh, Lemarque) et sa façon unique d’interpréter les standards du music-hall (A bicyclette, Battling Joe, Mon pote le gitan, Barbara, Les feuilles mortes, Grands boulevards) font de lui un artiste époustouflant.

Un artiste entier dans son engagement

Danseur, chanteur, comédien, charmeur, intellectuel, militant, Yves Montand est un personnage public et ne se laisse jamais bâillonner. Résolument à gauche, ses prises de position et ses coups de gueule sont célèbres, même lorsqu’il s’insurge contre le Stalinisme de l’Union Soviétique amie et de l’invasion de Budapest par les chars russes.

Durant toute sa vie, il ne cessera de s’exprimer sur tous les sujets lui tenant à coeur en France comme à l’étranger, où il est d’ailleurs très célèbre, du Japon aux États-Unis.

Si ce parti pris alimente les querelles de clocher, le public ne s’y trompe pas: Montand est extrêmement populaire et les années n’altèrent en rien cette popularité. Bien au contraire, le « Papet » devient irrésistible en valet de chambre dans La folie des grandeurs de Gérard Oury en 1972 ou carrément attendrissant sous la direction de Claude Berri pour un remake remarqué de Pagnol (Manon des Sources / Jean de Florette) en 1986.

Il faut attendre la mort de sa compagne Simone Signoret en 1985, à l’âge de 64 ans pour que Yves Montand baisse la garde.

Profondément touché par cette disparition, ses apparitions se font plus rares. Il continue cependant sa double carrière de chanteur et de comédien et fait la connaissance, sur le tournage de Manon des Sources, d’une jeune assistante, Carole Amiel, qui deviendra la dernière femme de sa vie et la mère de son unique enfant Valentin, né le 31 décembre 1988, alors que Montand est âgé de 67 ans !

Un enfant (et héritier) qui suscite les convoitises puisque à la même époque, Anne Drossart, une actrice ayant eu une aventure avec Montand lors d’un tournage, accuse l’acteur d’être le père de sa fille Aurélie. Les journaux se jettent avec délectation sur cette triste affaire. Reconnu « coupable » de paternité dans un premier temps, il faut attendre 1998, soit sept ans après sa mort, pour que des tests ADN réalisés sur son corps innocentent le défunt. Des années de combat pour la veuve et la famille du chanteur, pour de sombres intérêts financiers.

Tournage IP5

Entre-temps, en novembre 1991, alors qu’il termine le tournage d’IP5 de Jean-Jacques Beineix, film dans lequel son personnage décède d’un arrêt cardiaque, Montand est victime d’un infarctus du myocarde et s’éteint le 9 novembre 1991 dans une clinique de la région parisienne. Il préparait un nouveau spectacle au POPB de Paris, dédié à son jeune fils de trois ans. Son corps repose au Père Lachaise auprès de Simone Signoret.

Rarement artiste ne fut si populaire, parce que chacun de ses films fut un grand moment de cinéma, parce que ses chansons appartiennent au patrimoine culturel francophone, parce que ses prises de position politiques cherchaient à défendre le peuple et la liberté, parce qu’il a su, naturellement, séduire et ravir. En soixante-dix ans d’une vie bien remplie, Yves Montand est rentré dans le panthéon de la culture française.

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28 avril 2010 3 28 /04 /avril /2010 00:36

gagarine-a.JPG


Le 1er cosmonaute, Youri A. Gagarine, est né le 9 mars 1934 à Gjatsk (Terre), proche du village de Klouchino où il passe une enfance heureuse jusqu’à ce que la seconde guerre mondiale éclate, accompagnée de son fardeau de malheurs. A la mi-octobre 1941 et six semaines après son entrée en classe primaire, Youri regarde, les yeux écarquillés par la peur, l’invasion des troupes nazies. Effrayé, il assiste à l’incendie de son école et à l’occupation de la maison de ses parents. Toute la famille se réfugie alors dans l'abri de jardin creusé dans une bosse de terre. Avec colère et tristesse, Youri voit partir son frère Valentin et sa sœur Zoïa amenés de force vers un camp de travailleurs en Pologne. Mais ils peuvent s’échapper : le premier rejoint le front de bataille et la seconde intègre le service santé de l'armée.
undefined Après la fuite de son père qui rallie la résistance, Youri se retrouve avec sa mère et son petit frère Boris qui manque de mourir parce qu'un jour, les deux frères sont surpris en train de remplir de sable les batteries des voitures. Furieux, un Allemand attrape Boris et le suspend à une branche avec son écharpe. Affolé, Youri court chercher sa mère qui pousse des cris en le voyant s’étrangler. Elle bouscule l'Allemand qui s'apprête à prendre son fusil lorsqu'arrive un officier qui l'en empêche. Boris est enfin détaché et réanimé. 
Pendant un an et demi, Youri aide sa mère dans les travaux des champs et il continue à commettre des actes de sabotage. Chaque fois qu’un convoi ennemi s’approche du village, il se dépêche avec ses camarades de placer des clous et des tessons de bouteille au tournant des routes pour crever les pneus des véhicules et, le soir, il bouche avec des pommes de terre ou des chiffons le tuyau d’échappement des camions arrêtés pour la nuit.

En mars 1943, Klouchino est enfin libéré. Youri retrouve sa maison et il reprend l’école si longtemps interrompue. En mai 1945, il déménage à Gjatsk où son père vient de s’installer comme menuisier, charpentier et maçon pour la reconstruction de la ville. Bon élève, Youri marque sa préférence pour les mathématiques et la physique mais, en 1949, il décide de plus continuer l’enseignement secondaire alors qu’il a 15 ans. Sachant que ses parents ne pourront pas l’aider financièrement à poursuivre des études supérieures, il veut être admis dans un centre d’apprentissage pour apprendre la profession de tourneur ou d’ajusteur, commencer à gagner sa vie, travailler ensuite dans une usine tout en étudiant le soir pour entrer plus tard dans une école d’ingénieurs.

undefined Lorsqu’il arrive à Moscou où vit son oncle, Youri constate avec regret qu’il lui manque une année scolaire pour accéder à l'établissement professionnel qui a déjà terminé les inscriptions. On lui conseille alors de commencer son apprentissage en septembre 1949 au centre de Lioubertsy pour préparer un autre métier, celui de fondeur qui consiste à mouler des pièces avec du métal fondu, à l’aide d’une machine-outil. Finalement, ce travail lui plaît et il est heureux d’adresser à ses parents une partie de son "salaire". Il s’inscrit aussi à des cours du soir et il emprunte des ouvrages techniques qu’il consulte dans sa chambre avant de s’endormir.

En juin 1951, Youri Gagarine reçoit la qualification de fondeur-mouleur de 5° catégorie, ce qui lui permet d’entrer au collège industriel de perfectionnement de Saratov. Durant sa troisième et dernière année de formation, il effectue des stages pratiques dans des usines à Moscou et à Leningrad. Il profite de son séjour dans ces grandes villes pour se rendre dans les musées et les théâtres.

C’est à Saratov que Gagarine commence à prendre conscience de son attrait pour l’Espace. La physique a toujours été sa matière préférée. Après avoir réussi son exposé sur les travaux du savant russe Lebedev concernant la pression de la lumière, il se rappelle avoir entendu son professeur de Gjatsk lui parler de Tsiolkovski, le père fondateur de l’astronautique moderne. Il décide donc d’aborder le sujet : Tsiolkovski et sa théorie des fusées et des voyages interplanétaires. Pour le traiter, il se plonge dans la lecture de ses ouvrages (Exploration des espaces cosmiques par des engins à réaction et Trains de fusées cosmiques). Emu par ces écrits, il conclut son rapport par la phrase prophétique du génial théoricien : L’homme ne restera pas éternellement sur Terre. Dans sa course vers la lumière et vers l’Espace, il franchira timidement l’atmosphère, puis il fera la conquête de tout l’Espace circumsolaire.

undefined Gagarine remarque aussi que ses pensées s’envolent chaque fois qu’il voit ou entend un avion et les battements de son cœur s’accélèrent quand il croise un aviateur dans la rue. Il se souvient aussi de sa rencontre émouvante avec un pilote soviétique dont l'appareil endommagé s'était posé près de son village pendant la guerre. En octobre 1954, il se décide à prendre des leçons à l’école aérotechnique de l’aéroclub de Saratov, le soir, après le collège. Cependant, il trouve que cet enseignement s’éternise. Il faut écouter les instructeurs, étudier des manuels et résoudre des problèmes. Il lui tarde de voler.

Une fois cette formation théorique terminée, Gagarine doit apprendre à sauter en parachute avant de piloter un avion. Le jour venu, il sort de la carlingue d’un PO-2, avance ses deux pieds sur l’aile, mais il hésite à se jeter dans le vide. Son moniteur lui crie : « Pas d’histoires Youri ! Vas-y ! Les filles te regardent en bas ! » Il s’élance et il tire sur l’anneau du parachute. Inquiet qu’il ne s’ouvre pas aussi rapidement qu’il le voudrait, sa main cherche alors à déclencher le parachute de secours quand, soudain, une brusque secousse lui signale le déploiement du parachute principal qui le dépose sur la terre ferme peu après.

Puis Youri Gagarine prend place à bord de l’avion-école, un Yak-18, avec lequel son instructeur exécute des voltiges pour vérifier la résistance de son élève qui prend soin de serrer les dents et de fermer les yeux. Ensuite, Youri va décoller, voler et atterrir aux commandes de cet appareil, toujours accompagné d’un moniteur chargé de constater les fautes de pilotage qui deviennent de moins en moins nombreuses. A la fin du stage, son instructeur le félicite pour son habileté à réaliser des atterrissages doux. Enfin, il effectue son premier vol en solitaire et il découvre un bonheur indéfinissable. Ce plaisir, il n’est pas certain de le retrouver quotidiennement s’il travaille dans une usine ou dans un bureau d'études. 
En juin 1955, Gagarine reçoit à la fois son brevet de pilote et son diplôme de technicien fondeur avec mention excellent. Les professeurs sont satisfaits de sa monographie remplie de chiffres et de dessins techniques dans laquelle il décrit une fonderie destinée à produire un grand nombre de pièces, les procédés de fabrication et les méthodes d’enseignement aux élèves des écoles professionnelles.
undefined Gagarine n’hésite pas longtemps entre partir pour Tomsk comme fondeur ou rejoindre l’Armée de l’Air comme élève officier. Il souhaite devenir aviateur militaire pour piloter des avions de chasse supersoniques. Il est encouragé par son moniteur de l’aéroclub affilié à l’Armée qui se charge des formalités pour son admission à l’école d’aviation de la ville de Tchkalov, renommée Orenbourg. Il commence son entraînement sur un Mig qu’il pilote seul à partir du mois de mars 1957, mais la vie de caserne devient de plus en plus contraignante pour lui. Il éprouve un besoin d'indépendance qu’il ne trouve que trop rarement dans les airs. Un moment, il envisage de quitter l’uniforme pour revêtir la salopette de fondeur.

Le 4 octobre 1957, le moral de Youri Gagarine est au plus haut lorsqu’il entend à la radio que Spoutnik 1 tourne autour de la Terre et il ne peut s’empêcher de manifester son émotion en dessinant le premier satellite sur un cahier de cours. Un mois après, il obtient son diplôme en aéronautique et on lui propose de rester à Orenbourg comme instructeur. Il préfère demander une autre base comme l’autorise son très bon classement et il choisit Zapolyarny proche de la frontière norvégienne. Pour rompre la monotonie qu’il vient de connaître, il veut affronter les difficultés climatiques de la région Arctique aux commandes de son Mig dans une unité de la Flotte du Nord.

Une fois sur place, Gagarine est désolé d’apprendre qu’il doit patienter plusieurs mois avant de voler. L’ennui s’installe à cause de ce long hiver polaire qui appartient à l’obscurité, car les jours et les nuits se succèdent sans que le soleil se montre. Heureusement, la conquête spatiale est là pour briser l'attente et exciter sa curiosité. Le 3 novembre 1957, il est troublé en lisant les journaux relatant la présence de la chienne Laïka à bord de Spoutnik 2. Des interrogations et des réponses se bousculent dans sa tête : A quand un homme dans l’Espace ? Et si c’était moi ? Mais il y a des personnes beaucoup plus capables pour accomplir ce voyage ! Et puis, ce n’est pas pour tout de suite !

undefined A partir du printemps 1958, Gagarine est heureux. Il pilote enfin la nuit lorsque la météo est clémente et le jour par tous les temps. Lorsqu’il est mauvais, son appareil s’expose à un épais brouillard et à un vent très fort. Au cours d’une des ses missions, son avion est pris dans une très violente tempête de neige. Au lieu de s’éjecter, il réussit à revenir se poser à la base au prix d’une audace peu commune. Mais il arrive que le temps soit dégagé. Youri s’émerveille alors de voir « les collines couvertes d’une neige aux reflets rosés filant au-dessous de l’avion, la terre éclaboussée des taches bleues des lacs et la mer de Barents qui bat les rochers de granit ».
En réponse à la création en décembre 1957 du programme américain Mercury, le gouvernement soviétique décide en janvier 1959 d'envoyer aussi des hommes dans l'Espace dans un vaisseau baptisé Vostok.
Après l’impact de Luna 2 sur la Lune le 14 septembre 1959, Gagarine hésite encore pour poser sa candidature comme cosmonaute. Le 7 octobre suivant, Luna 3 survole la face cachée de la Lune. Il pense maintenant qu’un vol spatial habité va être possible ("Je compris que je ne devais plus attendre"). Il formule par écrit son admission dans le groupe de cosmonautes « si un tel groupe existe » (aux Etats-Unis, la première équipe d'astronautes a été constituée en avril 1959). Gagarine va apprendre que des recruteurs ont commencé, dès le mois d'août 1959, à visiter les bases aériennes et aéronavales pour trouver des volontaires et qu'ils s'apprêtent à venir l'interroger. Dans la très sévère sélection nationale, il est retenu parmi les 20 hommes sur un total de 3 000 prétendants.

En mars 1960, les Soviétiques constituent leur 1er Corps de cosmonautes, onze mois après les Américains. Youri Gagarine entre dans cette équipe à l’âge de 26 ans. C’est une personnalité attachante qui rayonne grâce à son sourire charmeur, reflet de sa bienveillance envers les autres. Il est chaleureux et travailleur. Toujours de bonne humeur, il a le sens de l'humour et il adore faire des farces (il déplace les voitures de ses collègues, il leur donne des cigarettes pétards...). Il sait également apaiser les inquiétudes d’autrui. Doué d’un savoir-vivre naturel et de beaucoup de tact, il s’exprime et se comporte avec aisance où qu’il soit. Il pratique l’athlétisme et le basket, le ski et le patinage. Il aime le théâtre et la lecture. Ses écrivains français préférés sont Victor Hugo, Jules Verne et Antoine de Saint-Exupéry. Dans la catégorie science-fiction ,"La nébuleuse d'Andromède" d'Ivan Efrémov est son roman favori.

Au cours de la visite du bâtiment d'assemblage des vaisseaux spatiaux, il impressionne tout le monde lorsqu'il se déchausse pour pénétrer à l'intérieur d'un Vostok. Pendant son entraînement, Gagarine n’est premier dans aucune des matières étudiées, mais il est le seul à décrocher la place d’excellent second dans chacune d’elles. Ses camarades avouent qu’il est le meilleur d’entre eux. Lors d’un vote secret destiné à connaître celui qui mérite de partir le premier, le plus grand nombre de voix se porte sur son nom. La Commission d’Etat le choisit également pour ouvrir les portes du Cosmos. La veille de son départ, il dit à sa femme Valia qui ignore tout : "Je m'absente pour un moment". Elle lui demande : "Tu t'en vas loin ?" Il répond : "Oui, très loin". 

undefined Le 12 avril 1961, à bord de Vostok 1 (4,72 tonnes/4,40 mètres), Youri Gagarine effectue le 1er vol autour de la Terre en 1 h 48 mn, son unique mission. Avant d’embarquer, il lance : "Tous pour un, un pour tous !", un clin d’œil aux « Trois Mousquetaires », un roman d’Alexandre Dumas.

Au moment du lancement, Gagarine entend un sifflement, puis un grondement qui grossit rapidement. Il sent la fusée frissonner de tout son corps. Le vaisseau vibre violemment. L’accélération augmente sans cesse, mais son organisme s’y habitue peu à peu. Youri finit même par se dire qu’il en a enduré davantage undefined en centrifugeuse. Il ressent une force irrésistible le plaquer contre le siège et il a du mal à bouger un bras ou une jambe. Il sait que cet état ne doit pas durer longtemps et qu’il va cesser dès que le Vostok atteindra son orbite huit minutes après le lancement.

Gagarine découvre alors l’apesanteur, un phénomène étrange qui lui donne une sensation agréable de légèreté. Il a l'impression de rêver en voyant les petits objets planer dans la cabine et les gouttes de boisson se coller aux parois. Il s’émerveille aussi d'apercevoir l’horizon avec la courbure de la Terre couronnée d’une nuance graduelle de bleus : clair, turquoise, pétrole et marine en contact avec le noir d’encre du Cosmos. En survolant le continent africain, il se rappelle de la lecture du roman « Les neiges du Kilimandjaro » d’Ernest Hemingway.

undefined L’orbite visée doit permettre à Gagarine de revenir automatiquement après 10 jours dans l’Espace si la rétrofusée ne fonctionne pas. Mais l’orbite est plus haute que prévu et le retour ne peut se faire qu’au terme de 50 jours en orbite, soit quarante jours après l’épuisement des ressources en air, en nourriture et en électricité. Heureusement, la mise à feu intervient. Après son arrêt, Gagarine s’étonne que le Vostok soit soumis pendant plusieurs minutes à une vitesse de rotation importante. Ensuite, il est surpris que le module cylindrique se détache avec dix minutes de retard et que la cabine sphérique continue à tourner. Elle finit par se stabiliser avant de pénétrer dans l’atmosphère. Pendant la rentrée, Youri subit une décélération avec des contraintes physiques plus fortes que celles du lancement.

undefined A 7 000 mètres d’altitude, Youri Gagarine s’éjecte en parachute de la cabine munie d’un équipement semblable. Il doit se débattre avec la soupape de son scaphandre coincée dans la fermeture éclair, un problème très sérieux qui l’empêche de respirer normalement pendant six minutes. Puis, il s’inquiète de la chute de la trousse de survie contenant un émetteur radio et un canot autogonflant replié, car il se dirige vers le fleuve Volga. Il est soulagé lorsqu’il constate que le vent le pousse au-delà et il se pose dans un champ labouré près du village de Smelovka dans la région de Saratov où il a appris à voler.

Les premiers humains que Gagarine aperçoit sont une grand-mère et sa petite-fille qui regardent avec curiosité cet extraterrestre dans sa combinaison orange vif qui marche à leur rencontre d’un pas décidé. Elles avancent aussi vers lui, mais de plus en plus lentement. Il comprend leur peur, enlève son casque et leur crie : « Je suis des vôtres camarades, amies !" Les Terriens vont s'habituer à ces arrivées célestes, car des centaines d'hommes et de femmes vont suivre les traces de Gagarine comme le 1er Français Jean-Loup Chrétien.

Après son retour sur Terre, Gagarine est nommé Commandant du groupe des cosmonautes en mai 1961 et il commence une visite triomphale à travers l'Union Soviétique et dans les pays étrangers. En septembre, il débute ses cours en aéronautique à l’Académie Joukovski de l’Armée de l’Air, un établissement supérieur de formation d’ingénieurs. Compte tenu de ses autres activités, il suit un programme adapté qui va s’étaler sur six ans.

undefined En 1962, Gagarine est élu Député et, grâce à sa popularité et à son pouvoir de convaincre, sa circonscription électorale se voit attribuer d’importants crédits pour la réhabilitation des écoles et des hôpitaux, l’aménagement des routes et la construction d’usines. Dans sa permanence d’élu, il reçoit ses concitoyens pour faire avancer leurs dossiers. Il les aident aussi dans leurs travaux, par exemple ramasser du foin ou refaire une toiture de maison.

Gagarine est également collaborateur des maisons d’éditions lorsqu’il rédige, avec talent, la préface d’ouvrages pour enfants qui lui adressent des lettres auxquelles il répond toujours avec tendresse. Il leur dit de grandir pour qu'ils aillent avec lui sur Mars ou de lui écrire s'ils ont à nouveau de la peine, car il est là pour les aider. 
Youri Gagarine ne veut pas se contenter de ses nouvelles occupations terrestres. Il veut retourner dans l'Espace, mais dès le mois de mars 1963 les autorités politiques commencent à manifester leur opposition à un autre vol. Elles ne veulent plus qu’il risque sa vie. Au mois de juillet, on propose à Gagarine le poste de Directeur de la Cité des étoiles, le centre d'entraînement des cosmonautes. Il le refuse, car il devine une manœuvre visant à l'éloigner des équipes qui se préparent aux vols spatiaux. Heureusement, les séjours à l’extérieur le consolent de ses tracas personnels. C’est ainsi qu’il se rend en France le 27 septembre 1963. Il atterrit au Bourget avant de se rendre dans plusieurs villes dont Paris où il assiste au 14° Congrès d’Astronautique au siège de l’Unesco, puis à une réception au Sénat. A son retour, on lui offre la place d’Adjoint de Kouznetsov, le nouveau Directeur de la Cité des étoiles nommé en novembre 1963. Dans un premier temps, il n’accepte pas, puis il donne son accord le mois suivant après avoir obtenu l’assurance de continuer à s’entraîner.

undefined En mars 1964 et pour dissiper ses doutes quant à sa sélection sur une prochaine mission, Gagarine manifeste un vif intérêt pour commander l’équipage du nouveau vaisseau Voskhod 1. Kamanine, le Directeur des équipages, lui répond qu’aucun des cosmonautes qui ont déjà volé n’est assez préparé pour piloter cet engin, parce qu'ils passent beaucoup de temps dans les relations publiques. Gagarine n’est pas dupe. Il pressent sa mise à l’écart et, en juin 1964, il apprend la terrible nouvelle : il n’est plus autorisé à repartir dans l’Espace. Personne ne veut perdre le premier cosmonaute de l’Humanité. Il faut en prendre soin comme s'il était une pièce de musée inestimable. On lui demande d'interrompre son entraînement pour se consacrer uniquement à la préparation et au suivi des missions effectuées par ses camarades.

Youri Gagarine commence alors à protester vigoureusement, car il veut revoler à tout prix. Il n’arrête pas de manifester son désir « d’aller sur la Lune et sur Mars » lorsqu’il va à l’étranger, lorsqu’il donne des conférences, lorsqu’il croise des ministres, lorsqu’il accorde des interviews. Ce souhait sans cesse répété et qui dérange les instances politiques, Gagarine l’exprime aussi en France où il se rend pour la deuxième fois en juin 1965, à l’occasion du Salon aéronautique et spatial du Bourget. Il y rencontre les astronautes américains McDivitt et White à qui il donne une poignée de main chaleureuse sous le regard paternel du Premier ministre Georges Pompidou. Dans la soute de l’avion qui le ramène vers son pays, se trouve un superbe cadeau qui le réconforte de ses ennuis. C’est une voiture de sport, une Matra Jet5 qui lui redonne le sourire lorsqu’il la conduit dans les rues de Moscou.

En novembre 1965, Korolev, le Constructeur en Chef des fusées et le dirigeant du programme spatial qui a toujours eu beaucoup d’affectation pour Gagarine, fait part de son inquiétude sur les changements intervenus dans la personnalité du premier cosmonaute. Après avoir obtenu l'aval des autorités politiques, il demande à Kamanine sa réintégration dans les équipes de vol. Deux mois plus tard, Korolev meurt des suites d’une opération. Gagarine accueille avec énormément de tristesse la disparition de celui qu’il considérait comme son second père. En avril 1966 et après une attente de 22 mois, il lui doit, en grande partie, son retour parmi ses camarades qui se préparent aux missions Soyouz.

undefined Mais en août 1966, Gagarine est très déçu de ne figurer ni dans l’équipage de Soyouz 1, ni dans celui de Soyouz 2 qui doivent s’amarrer en orbite terrestre pour simuler l’accostage du vaisseau orbital lunaire avec le module de retour de la Lune. Il souhaitait prendre le commandement de Soyouz 1, mais il obtient seulement le poste de doublure de Komarov, le seul occupant de la cabine. Kamanine lui fait remarquer que ses heures d’entraînement sont encore insuffisantes, tout en pensant qu’il ne veut pas risquer la vie de Gagarine sur le premier vol d’un vaisseau dans sa version habitée. Cependant, il est prévu qu’il effectue sur Soyouz 3 une mission solitaire d’une semaine. Il va participer aussi à la préparation du programme L1 de survol de la Lune et du programme L3 d’atterrissage sur la Lune. Il caresse ainsi l’espoir d’être le premier homme sur la Lune.

Le rêve de Youri Gagarine s’écroule le 24 avril 1967, le jour fatal où son grand ami Komarov revient précipitamment du Cosmos pour s’écraser sur Terre à bord de Soyouz 1. Quatre mois après ce drame, Kamanine reçoit l’ordre d'interdire à Gagarine de s’entraîner au vol spatial. De plus, il ne peut piloter un avion qu'en présence d'un moniteur. Déjà très peiné par la disparition tragique de Komarov, il est accablé par cette double sentence. Il recommence alors à se battre pour réintégrer les équipes de vol.

Dans cette lutte pénible et incessante qui affecte, à nouveau, sa personnalité, Gagarine continue d’apprécier au plus haut point ses séjours à l’étranger où il est toujours accueilli avec les honneurs. Il est content de retourner en France pour la troisième fois, notamment à Marseille où il arrive le 25 septembre 1967 pour visiter ensuite la Côte d’Azur et pratiquer du ski nautique. Revenu en Union Soviétique, son objectif immédiat est d'obtenir son diplôme d’ingénieur. Il termine la rédaction de son avant-projet de vaisseau spatial réutilisable de type navette qu'un de ses professeurs à l’Académie Joukovski trouve incomplet. Afin de se consacrer exclusivement à la préparation de son mémoire, il interrompt ses vols en avion biplace, ses activités de Directeur-Adjoint de la Cité des étoiles et ses occupations d’élu au Conseil des nationalités du Parlement.

undefined En février 1968, c’est le succès pour Gagarine qui soutient très brillamment sa thèse. Le nouvel ingénieur en aéronautique est si heureux qu’il serre très fort dans ses bras les membres du jury peu habitués à cette démonstration de joie. Ce titre, il l’espérait depuis l’âge de 15 ans, alors qu’il était apprenti fondeur. Cette réussite débloque la situation de Gagarine dont le sourire éclaire à nouveau son visage. On lui propose pour bientôt le poste de Directeur de la Cité des étoiles qu’il accepte. On l’autorise à participer aux vols paraboliques simulant brièvement l’apesanteur dans un avion Tu-104 en compagnie de ses camarades cosmonautes. On lui permet surtout de redevenir rapidement un pilote autonome. 
Gagarine reprend, avec impatiente et bonheur, ses séances le 13 mars 1968. Sur une durée de onze jours, il effectue dix-huit vols sur l’avion-école Mig 15 avec le très expérimenté moniteur Seryoguine, un vétéran de l’aviation de guerre et un pilote d’essai chevronné. Il admire Youri, car il constate qu’un arrêt de plusieurs mois n’a pas diminué ses capacités de pilotage.

Ce triste 27 mars 1968, c’est le dernier jour où Youri Gagarine doit voler accompagné de Seryoguine avant sa requalification comme pilote et la reprise espérée de son entraînement pour une mission spatiale. Toujours en train de plaisanter, il se préoccupe de la santé du docteur qui l'examine, puis leur avion décolle. Ils ignorent qu’ils ont des informations météo insuffisantes, que l’altimètre est défaillant et que l’organisation du trafic aérien est mauvaise. Gagarine réalise ses exercices en abrégeant de seize minutes leur durée parce que les conditions météo se dégradent, alors que deux Mig 21, un autre Mig 15 et un SU-11 évoluent anormalement dans leur zone réservée. undefined Gagarine annonce calmement : " Ici 625…Mission accomplie…Demande permission de revenir ". Soudain leur Mig tombe en vrille dans la nappe nuageuse, déséquilibré par le sillage tourbillonnaire d'un de ces quatre appareils qui vient de le dépasser. Aux commandes, Seryoguine est sur le point de redresser complètement l’appareil, lorsqu’à la sortie des nuages, les deux hommes découvrent qu’ils sont trop près du sol, trompés par le mauvais fonctionnement de l’altimètre qui indique l’altitude. Gagarine et Seryoguine n’ont, hélas, pas le temps de s’éjecter et leur Mig s’écrase dans une forêt près du village de Novosselovo. Notre Cher Youri Gagarine vient de nous abandonner sur Terre.

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22 avril 2010 4 22 /04 /avril /2010 23:54

PIERRE BROSSOLETTE

 

 

Études, socialisme et journalisme

Fils de Léon Brossolette, Inspecteur de l'enseignement primaire à Paris et ardent défenseur de l'enseignement laïque au début du XXe siècle, neveu de Francisque Vial, directeur de l'enseignement secondaire, il entre premier à l'École normale supérieure en 1922. Cacique de sa promotion, il est reçu seulement deuxième à l'agrégation d'histoire, derrière Georges Bidault, à la suite d'un petit scandale. Il épouse en 1926 Gilberte Bruel, avec qui il aura deux enfants, Anne et Claude, et qui, après sa mort, prendra le relais de ses idées et deviendra la première femme sénateur en France.

Il adhère à la Section française de l'Internationale ouvrière (SFIO) en 1929. D'abord fervent défenseur des idéaux pacifistes et européens d'Aristide Briand, ses conceptions évoluent lorsqu'il prend conscience de la réalité de la menace nazie et de l'inévitabilité de la guerre. Il est également membre de la Ligue des droits de l'homme, de la Ligue internationale contre l'antisémitisme et de la franc-maçonnerie.

Journaliste au sein de plusieurs journaux (l'Europe nouvelle, le Quotidien, le Progrès civique, les Primaires, Notre temps, Excelsior, Marianne et à la Terre Libre), ainsi que celui de la SFIO Le Populaire (où il est rédacteur de politique étrangère) ; il travaille également pour Radio-PTT, dont il est licencié en janvier 1939 lorsqu'il s'oppose dans une émission aux accords de Munich.

Résistance
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Au début de la Seconde Guerre mondiale, il rejoint l'Armée avec le grade de Lieutenant, est promu Capitaine avant la défaite de la France et a été décoré avec la Première Croix de Guerre en 1940 par son attitude au cours de la retraite de son unité. Hostile au régime de Vichy, il rejoint le Groupe du musée de l'Homme présenté à Jean Cassou par Agnès Humbert, écrit le dernier numéro du journal Résistance du mouvement et échappe de peu à son démantèlement. Puis, il participe à la formation des groupes de résistance Libération-Nord et Organisation civile et militaire dans la zone occupée et devient, après sa rencontre avec le Colonel Rémy, chef de la section presse et propagande de la Confrérie Notre-Dame. Quand le régime de Vichy lui interdit d'enseigner, Brossolette et son épouse rachètent une librairie russe à Paris, au 89 rue de la Pompe, qui sert de lieu de rencontre et de « boîte aux lettres » pour les résistants.

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En avril 1942, Brossolette entreprend un voyage à Londres en tant que représentant de la résistance pour rencontrer Charles de Gaulle. Il travaille dès lors, promu Commandant, pour le Bureau central de renseignements et d'action (BCRA), en liaison avec la section RF du Special Operations Executive (SOE) britannique. Il est parachuté à trois reprises en France, la deuxième fois avec André Dewavrin, alias le Colonel Passy, et Forest Yeo-Thomas alias « Shelley », agent du SOE surnommé familièrement « le Lapin Blanc ». Ils vont parvenir à unifier l'ensemble des mouvements de résistance de la Zone Occupée, dans le cadre de la mission « Arquebuse-Brumaire », du nom de code de Passy et Brossolette.

Pierre Brossolette est aussi le porte-voix à Londres des combattants de l'ombre. Dans un discours au Albert Hall le 18 juin 1943, il rend un vibrant hommage aux « soutiers de la gloire », expression qui deviendra par la suite usitée. Il prendra la parole à 38 reprises au micro de la BBC en remplacement de Maurice Schumann et écrira des articles, dont un dans La Marseillaise qui par la suite sera considéré par certains comme un des textes fondateurs du gaullisme de guerre.

Politique

Pierre Brossolette est très critique vis-à-vis de la IIIe République qu'il rend responsable de la défaite, et estime que la Libération à venir devra être l'occasion d'une profonde rénovation démocratique, notamment par la naissance d'un grand parti de la Résistance appelé à réaliser une politique de transformation sociale ambitieuse. Un programme commun très proche de ces aspirations sera élaboré par le Conseil national de la Résistance en mars 1944, le mois de la mort de Brossolette.

Cette critique de la Troisième République sera le principal sujet de discorde avec Jean Moulin, et lui vaudra par ailleurs l'opposition des partis, soucieux de leur propre survie. Ainsi à la veille de son arrestation, Brossolette est exclu de la SFIO par Daniel Mayer et Gaston Defferre, décision qui ne sera pas appliquée à cause de sa disparition. Si dans un premier temps la IVe République renouera avec les mœurs de la IIIe, l'instauration de la Ve République représentera pour certains la validation a posteriori des idées de Brossolette sur l'après-guerre.

En effet, le projet d'un grand parti rassemblé autour de De Gaulle pour gérer l'immédiate après-guerre et limiter les dégâts prévisibles d'une épuration incontrôlée sera vivement critiqué et soupçonné même de dérives fascisantes. De Gaulle, conscient des soupçons d'autoritarisme qui pesaient déjà sur lui, tranchera pour le maintien du système de partis de la IIIe République, donnant ainsi gain de cause à Jean Moulin. Ce choix aura des conséquences importantes sur l'image de ces deux grands chefs de la Résistance et de leur place dans la mémoire nationale.

Ainsi s'opposeront a posteriori l'image d'un Jean Moulin homme d'État proche du radicalisme d'avant-guerre, défenseur des valeurs républicaines et de la démocratie voire du statu quo, face à celle, complexe, d'un Pierre Brossolette homme politique certes visionnaire, précurseur du gaullisme bien que socialiste, dénonciateur féroce du danger fasciste et communiste avant la guerre mais partisan de méthodes radicales voire révolutionnaires.

Cependant son idée d'un parti unique issu de la Résistance ne devait servir qu'à réorganiser l'après-guerre et il aurait envisagé de créer lui-même un nouveau parti de gauche, travailliste sur le modèle anglo-saxon donc non-marxiste ou en tout cas réformiste. Pour cela, Brossolette avait travaillé sur une ambitieuse critique du marxisme pendant ses missions, que sa stature d'intellectuel, normalien de haut vol permettait de croire respectable et qui aurait été jetée par dessus bord lors du naufrage sur les côtes bretonnes ayant amené son arrestation.

Arrestation

Après avoir échappé plusieurs fois à des arrestations, Brossolette veut rentrer à Londres pour présenter le nouveau chef du CNR, Émile Bollaert, au Général de Gaulle. Plusieurs tentatives d'exfiltration par Lysander échouent. Brossolette décide de rentrer par bateau. Le 3 février 1944, près de Douarnenez, la pinasse Jouet des Flots qui doit les conduire à une frégate britannique fait naufrage à cause du mauvais temps près de la pointe du Raz. Les deux chefs de la Résistance échouent sur la côte, où ils sont accueillis par la résistance locale. Lors d'un barrage de routine, dénoncés par une collaboratrice, ils sont contrôlés et emmenés en prison à Rennes.

Plusieurs semaines passent sans qu'ils soient reconnus. Finalement, Ernst Misselwitz (du Sicherheitsdienst) se rend en personne pour identifier Brossolette sur place et le fait transférer, le 19 mars, au quartier général de la Gestapo à Paris, 84 avenue Foch. On ne sait toujours pas ce qui a pu le dénoncer : soit des fuites sur les tentatives d'évasion qui se préparaient sous l'initiative de Forest Yeo-Thomas, capturé à Paris quelques jours auparavant ; soit un rapport non codé de la part de Claude Bouchinet-Serreules et Jacques Bingen vers Londres qui aurait été intercepté sur la frontière espagnole ; soit encore, selon la légende, sa mèche blanche caractéristique apparue sous la teinture.

Décès

Pour le faire parler, Pierre Brossolette est torturé pendant deux jours et demi. Le 22 mars, profitant d'un moment d'inattention du gardien, il se serait levé de sa chaise, les menottes derrière le dos, aurait ouvert la fenêtre de la chambre de bonne dans laquelle il était enfermé, et serait tombé d'abord sur le balcon du 4e étage et ensuite devant l'entrée de l'immeuble côté avenue. Gravement blessé, il succombe à ses blessures vers 22 heures à l'hôpital de la Salpêtrière, sans avoir parlé.

Le 24 mars, il est incinéré au cimetière du Père-Lachaise, où ses cendres sont conservées avec celles d'un autre résistant (Jacques Delimal), dans deux urnes dans la division 87 numérotées 3920 et 3913

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